Mon corps jamais ne s’arrêtera de danser

ericMの写真2009年08月




Il y a une table.
Une femme est allongée sur la table.
Le corps est inerte.
Le silence règne.
De larges bandes métalliques suspendues comme des voiles révèlent l’espace.
Le fil ténu d’un son métallique transperce imperceptiblement l’air.
Ce son se met à danser, agréable et crispant, étrange et pourtant si présent.
Il prend force dans cette atmosphère sombre, épurée, chirurgicale.
Une lumière éphémère s’est depuis mêlée au son.
Ensemble, ils se mettent à valser une danse perturbée.
Le son est devenu strident et menaçant tandis que les réflexions des lumières plus intrusives et aveuglantes perturbent.
Un sentiment de malaise nait.
Les éléments acoustiques se sont déchainés dans ce décor figé.
Le corps de la femme est toujours immobile et pourtant, oui, c’est bien cela, il s’est passé quelque chose, un frisson, un spasme, le corps prend vie, il semble répondre à cet effroyable grondement.
Il bouge impulsivement au rythme des vibrations sonores.
Péniblement, ce corps disloqué glisse sur le flanc de la table et se dresse comme un automate.
Le corps de la femme, élancé et droit comme un « i », est maintenant là, debout, présent et absent, le regard fixe et vide.
Soudainement, il se met à tourner et à tourner et à tourner et à tourner autour de la table guidé de sa main comme un pantographe appuyé sur sa caténaire.
Il tourne en rond selon un rectangle parfait que compose une chorégraphie mécanique articulée par une forme inconsciente.
Subitement, il s’arrête comme si un appel invisible s’était produit.
La musique électroacoustique est venue entre temps s’entremêler au tonner fracassant.
Brusquement, la femme, de ses points nus vient taper avec violence la table, créant un vacarme percutant comme un pianiste concertant dans un ffff avec l’orchestre.
Dans ce délire musical qui touche à son paroxysme s’élève l’ange blanc qui se répand dans l’air.
Bientôt, la musique s’essouffle comme si ce corps dans l’épuisement de cette frénésie trouvait un repos passager.
Le corps retrouve sa table et s’étend doucement.
Mais le calme soudain produit l’angoisse de l’immobilité, de l’état de morbidité, soudainement dans un nouvel effroi, les éléments sonores se déchainent, les pulsions entrainent le corps dans une nouvelle danse au fin fond de l’aliénation.

Mon corps jamais ne s’arrêtera de danser !

BARBARA SARREAU, chorégraphe et danseuse
JEAN-FRANCOIS LAPORTE, compositeur

FESTIVAL LES MUSIQUES 2011
GMEM > Centre National de Création Musicale
La Friche de la Belle de Mai - Marseille 3°
Jeudi 12 Mai 2011

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